9 Commentaires

Il y a, je n’en doute pas, une douce poésie dans votre rêve d’une télé publique exempte de toute publicité. Malheureusement, les coupes que vous envisagez pour couvrir des 300 millions de revenus perdus ne suffisent pas. D’autant plus que les chaînes de télé payantes comme Explora et artTV sont financées en bonne partie par leurs abonnés et leur propres revenus publicitaires. Je ne sais même pas si, au final, elles représentent une dépense pour notre radio-télé publique. Quant à Ohdio!, c’est bien mal connaître l’évolution de l’écoute de la radio que de la définir comme une chaîne de diffusion de balados. Une partie importante du public (les plus jeunes, surtout) n’écoute plus les médias en mode diffusion directe, mais va chercher ses émissions en rattrapage, au moment où il a du temps libre. Radio-Canada aurait pu appeler ou « marketter » autrement ce service Ohdio! mais il s’agit d’un accès incontournable aux contenus.

En fait, l’économie de 300 000 $ imposerait des coupes majeures dans le coeur de la production télévisuelle : moins de téléromans et téléséries très coûteuses, impossibilité d’obtenir les droits de diffusion des Olympiques et autres sacrifices du genre. Il s’ensuivrait nécessairement une baisse des auditoires. Et quand les auditoires fondent, les politiciens cessent de se sentir obligés de défendre les budgets dévolus au diffuseur public. Regardez ce qui se passe à la CBC! C’est le début d’un cercle vicieux du définancement, qui forcerait la SRC à aller chercher ailleurs du soutien (du côté des dons et commandites, comme PBS ).

En outre, l’exclusion de la télé publique de certains créneaux de création trop onéreux (les téléséries, pas exemple) diminuerait la concurrence dans ces secteurs et risquerait d’entraîner une baisse de qualité, même du côté des chaines privées concurrentes qui n’auraient plus à se botter le cul pour « battre » Radio-Canada.

Bref, il est de ces solutions qui paraissent intéressantes mais qui risquent d’entraîner un désastre. Et si la voix de Dan Bigras sur une pub de char t’incommode, utilise ton enregistreur vidéo-numérique et écoute tout en différé, en sautant les pubs. C’est moins risqué, comme solution.

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Comment des revenus qui représentent le cinquième du budget d’une société d’État peuvent à ce point faire mal à la programmation? Le portrait que tu brosses me semble extrêmement sombre.

Je suis sûr qu’on est capable de se payer une bonne télé et une bonne radio publique avec 1,4 milliard par année. Et, en sortant de la foutue dynamique publicitaire, on envisage les choses autrement, on propose un service complètement différent du privé ( très difficile de voir la différence présentement) et plus globalement, on a un service public qui ne contribue pas à faire de nous des surconsommateurs qui épuisent les ressources disponibles sur cette planète dès le début août.

Je suis prêt à ouvrir la porte à la publicité sociale ou publique…

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Je n’ai pas l’impression que ces médias soient vraiment indépendants. Ils sont influencés par le courant politique majoritaire et incarnent « la voix de son maître » je parle de la France….🇫🇷

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Au Canada, nous avons un parti (conservateur) qui veut couper le financement public de CBC/Radio-Canada. En termes d'indépendance, j'ai beaucoup plus confiance en l'indépendance éditoriale de mon média public qu'en celle de tous les autres médias privés qui vivent grâce à la publicité.

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Pourquoi ne pas réinventer des modèles financés par leurs lecteurs, comme Substack ? Pourquoi avons-nous collectivement oublié la simplicité d’un marché financé par ses utilisateurs. Le pactole de la pub est aussi tentant que le confort de la subvention, mais dans chacun des cas, ta ligne éditoriale sera influencée par un tiers qui n’est pas le consommateur. Tu invites à repenser les modèles, le succès de Substack, même relatif, montre que ce modèle est possible, non ?

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Le mot "relatif" est la clé ici! Le jour où, de façon spontanée et philanthropique, le public sera prêt à financer un média public d'envergure doté de règles éthiques, d'un ombudsman et capable d'embaucher des vrais professionnels de l'info -Radio-Canada coûte est financé à hauteur de 1,4 milliards par année- je ne le vois pas poindre à l'horizon!

D'une certaine façon, un média public est financé par son auditoire : à travers ses impôts! Si on n'en profite pas, on paie pour rien!

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Tirons la réflexion plus loin : pourquoi les démocraties ont-elles besoin d’une télé et radio publique ?

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En tout cas, à l'époque de leur création (concentrons-nous sur les radios publiques), il y avait clairement une intention d'utiliser les ondes radiophoniques pour diffuser de l'information d'intérêt public, donner une voix à une nation, sans être soumis aux diktats de la publicité.

Les démocraties s'appuient sur une information indépendante et libre. Autrement la population n'a tout simplement pas les clés pour se choisir des dirigeants compétents.

Il y a une corrélation claire entre les déserts d'information aux États-Unis et les électeurs de Trump, d'ailleurs.

Les quelques sous par habitant pour un média public indépendant, libre de toute influence mercantile m'apparaissent un bon investissement.

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Là on tombe sur mon sujet en crime. Plusieurs bonnes idées et j'ai toujours vraiment pogné les nerfs sur l'importance qu'on accorde à la pub (et combien on se fait chier avec la pub) pour ce que ça rapporte au final. Ce que je pense qu'on doit réaliser collectivement, c'est combien on sous-finance notre télévision publique comparé à tous les pays qui en ont une de moindrement intéressante. Le Canada se trouve en queue de peloton à l'échelle mondiale mais le peuple est persuadé qu'on investi full.

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